Letizi retourne à l'ombre
Titulaire depuis le début de la saison dans les buts du Paris-SG, Lionel Letizi sera sur le banc mercredi à l'occasion de la réception d'Auxerre en 16e de finale de la Coupe de France. Pas en raison d'un turn-over souvent pratiqué lors des coupes, mais bien parce que Guy Lacombe a décidé de donner sa chance à Jérôme Alonzo, qu'il considère plus charismatique et plus à même de tirer le groupe derrière lui. Pour Letizi, cette première décision forte de l'ère Lacombe sonne comme une disgrâce...
Letizi-Lacombe, ce n'est plus l'entente cordiale...Letizi-Lacombe, ce n'est plus l'entente cordiale...
Ce n'est pas la première fois que ça lui arrive, mais la manière n'a jamais été aussi brutale, puisqu'elle ne se justifie pas par des considérations techniques, mais bien par une question de personnalité. Plus ancien joueur de l'effectif parisien (il est arrivé au début de la saison 2000-01), Lionel Letizi prendra place mercredi à l'occasion de la venue d'Auxerre en Coupe de France sur le banc des remplaçants, une décision prise la semaine dernière avant le déplacement à Strasbourg (match finalement reporté) par Guy Lacombe qui a confirmé samedi à l'antenne de Canal+ que Jérôme Alonzo garderait les buts parisiens face à Auxerre.
"Je n'enlève pas Lionel, je mets Jérôme Alonzo", expliquait jeudi dernier le coach du PSG qui gardait sans doute en travers de la gorge la défaite subie à Nice (1-0) et l'absence de réaction de Letizi sur la tête victorieuse à bout portant de Traoré en fin de match. Cruel destin pour celui qui, comme Alonzo, a effectué ses débuts professionnels sous les couleurs des Aiglons, c'était il y a treize ans. Pour Lacombe, cette décision s'explique par la nécessité de mettre en avant un "aboyeur", plus à même de tirer un groupe manquant singulièrement de personnalité, à l'image de son gardien, dont le style peu spectaculaire laisse parfois une impression de laxisme.
"Le problème de Lionel, c'est qu'il a sa réserve, il est comme ça. Là, nous avons besoin de quelqu'un qui, en fin de match, va peut-être mobiliser un peu plus ses copains pour tenir le résultat", expliquait l'ancien coach sochalien dans Le Parisien. Tout est dit: Letizi paie un caractère effacé et sa façon assez personnelle de gérer sa carrière, son implication dans le groupe ne dépassant que rarement le cadre du Camp des Loges et du Parc des Princes. Au contraire de l'exubérant Alonzo, véritable "joueur de vestiaire", boute-en-train toujours de bonne humeur. "Je crois qu'on a besoin d'un garçon qui amène vraiment une implication totale et j'ai le sentiment qu'il peut amener ça à l'équipe. Au-delà des qualités des deux gardiens, qui sont unanimement reconnues, Jérôme possède peut-être un peu plus de charisme et d'envie actuellement", ajoute Guy Lacombe.
La fin de l'aventure parisienne ?
Nul doute que pour Letizi, la pilule est amère, même si l'homme n'en est pas à son coup d'essai dans le domaine. On se souvient qu'au moment de débarquer dans la capitale, l'entraîneur d'alors, Philippe Bergeroo, avait respecté la parole donnée à Dominique Casagrande (qui attendait son tour dans l'ombre de Bernard Lama) de débuter la saison comme titulaire, reléguant la nouvelle recrue parisienne sur le banc. Il avait fallu à ce dernier attendre les premières bévues de l'ex-Nantais et une défaite à Troyes (3-5) pour s'installer début septembre dans les buts et ne plus les quitter.
La saison 2002-03 sera l'occasion du premier vrai accroc pour l'ancien Messin avec une blessure qui l'empêchera d'évoluer à son meilleur niveau mais, Alonzo étant lui aussi touché, l'ex-Messin acceptera de jouer pour le bien du club... Mais pas pour le sien, puisque Luis Fernandez décidera de le sacrifier en février 2003 suite à un revers à Guingamp (2-3). Finalement, Letizi décidera d'arrêter les frais et de se soigner, avant de retrouver... le banc de touche. Car à son arrivée dans la capitale, Halilhodzic décide de faire confiance à Jérôme Alonzo, ce qui explique (en plus d'une nouvelle blessure) les six petits matches de Ligue 1 disputés lors de la saison 2003-04 par Letizi.
Changement de décor un an plus tard: Alonzo paie à son tour des prestations en dents de scie et laisse la place à son copain Lionel qui dispute l'intégralité d'une des pires saisons du club (33 matches) avant d'enchaîner dans la foulée la suivante, nouveau contrat à l'appui. Jusqu'à cette mise à l'écart qui sonne comme un lourd désaveu et pourrait à terme précipiter la fin de l'aventure parisienne de Letizi. Car si l'homme, fidèle à son naturel discret, n'a pas souhaité réagir à cette éviction, il a sans doute compris que la confiance était rompue avec son entraîneur. On voit en effet mal l'intéressé, à 32 ans, brutalement changer de personnalité et se mettre à faire l'animateur dans le vestiaire pour s'attirer les faveurs de Lacombe! L'avenir dira si cette disgrâce n'est que passagère, mais il y a de fortes chances que si Lacombe reste l'entraîneur du PSG, Letizi n'en restera pas le gardien...