Larrue : détesté, mais déterminé
Larrue Démission ! » Depuis six mois, c'est le refrain préféré des supporters du PSG. Mais qui est au juste Jean-Pierre Larrue ? Un ancien policier, âgé de 56 ans, retraité au grade de commissaire divisionnaire après trente-cinq ans de service considéré par les gens qui l'ont côtoyé comme irréprochable. Il a été nommé directeur de la sûreté et de la sécurité du PSG le 3 août dernier pour occuper un poste vacant depuis six mois. :
« Jean-Pierre Larrue était le seul candidat à n'être soutenu par personne, raconte Francis Graille. Depuis, il est jalousé. Beaucoup cherchent à lui savonner la planche. » Parmi les postulants, Jean-François Logerette, commandant retraité de la police, proposé par Jean-Paul Proust, alors préfet de police. Logerette est soutenu par Gilles Kaehlin, responsable de la sûreté de Canal +, ancien officier des renseignements généraux (RG).
En coulisses, il tenterait de convaincre les dirigeants de Canal + de la nécessité du départ de Larrue afin de rétablir la paix sociale au Parc des Princes. L'autre candidat suspecté de compliquer le travail de Larrue est Jean-François Wiart, dit Nounours, ex-chef de la cellule hooligans aux RG.
« Il se substitue à l'autorité judiciaire »
« On est en pleine guerre des polices », dénonce Francis Graille. A la tête d'un confortable patrimoine personnel, Larrue, ex-directeur départemental de la police en Corse-du-Sud et ancien responsable du GIPN (groupe d'intervention de la police nationale) n'est pas venu au PSG pour arrondir ses fins de mois. « La tâche qu'on me proposait était difficile, c'était ma seule motivation, assure l'ancien professeur de judo. Je suis un bagarreur. J'avance comme un bulldozer. »
Sa prise de fonctions intervient un mois après la signature du contrat local de sécurité. Ce document, signé le 30 juin 2004 par le PSG et les pouvoirs publics, vise à améliorer les conditions de sécurité dans et autour du Parc. Jean-Pierre Larrue veut en faire appliquer chaque point à la lettre. Pour y parvenir, il réduit les possibilités d'accès des supporters à leurs locaux au stade, multiplie les saisies de fumigènes, renforce les contrôles d'accès, impose un contrôle d'identité pour participer aux déplacements, résilie les abonnements de certains fauteurs de trouble, comme l'y incite le contrat local de sécurité.
« Larrue dépasse ses prérogatives, il se substitue à l'autorité judiciaire, estime Christophe, président des Supras (Auteuil). Il a tout à apprendre du monde des supporters. Il fait mine de nous écouter mais ne nous entend pas. Il doit partir. »
Larrue s'attaque également au problème des « indépendants », la mouvance violente des tribunes. En poste depuis l'été dernier, Régis Lecomte, son homologue toulousain, ex-membre du GIGN (groupe d'intervention de la gendarmerie nationale), témoigne : « J'ai la chance de pouvoir saluer mes supporters avant les matchs. Jean-Pierre se ferait tuer s'il tentait la même chose au Parc. Nous avons travaillé sur le grand banditisme ou des prises d'otages, nous sommes des experts en communication de crise. Mais quand ça va trop loin, il faut arrêter de discuter. On ne peut pas laisser certains éléments se servir du stade comme d'un moyen politique pour développer des mouvances nuisibles. »
Déterminé, Larrue veut rapidement faire le ménage. Trop vite ?
« Il a minimisé un contexte sportif défavorable, regrette un dirigeant parisien. Avec de meilleurs résultats et moins de précipitation, ses réformes seraient sans doute mieux passées. Sommé par Canal +, l'actionnaire majoritaire, de ramener le calme en tribune, Francis Graille entame début février une médiation avec les supporters. Pour apaiser les débats, Larrue est tenu à l'écart des discussions. Après bientôt deux mois detractations, cinq des sept associations de supporters concernées devraient signer une convention en finde semaine. Ils n'obtiendront pas noir sur blanc le départ de Jean-Pierre Larrue, réclamé à force d'intimidations par les indépendants. En revanche, nombre de ses décisions devraient être rendues caduques par cette convention.
Les supporters espèrent ainsi qu'il se sentira trahi et partira de son propre chef. Or, l'intéressé a coutume de dire : « Je privilégie toujours la loyauté à la compétence »...
Source: le parisien