La rivalité OM - PSG, c'est n'importe quoi !

A TROIS JOURS du choc OM - PSG, deux responsables de supporters parisiens et marseillais se sont prêtés au jeu du face-à-face lors d'une conférence téléphonique. Loin des clichés, Amar (porte-parole des Lutece Falco, Paris SG) et Didier (président des South Winners, OM), tiennent un discours apaisant. Un entretien étonnant.

D'où vient la rivalité qui oppose supporters marseillais et parisiens ? Didier (OM). La rivalité est récente car l'histoire du PSG est récente et le mouvement ultra l'est également. A la fin des années 1980, les Parisiens et surtout le Kop de Boulogne, avec ses idées d'extrême droite, représentaient le symbole à combattre. Il devenait notre pire ennemi et, pour eux, nous représentions la pire des pestes. Il y a donc eu une rivalité idéologique avant qu'il n'y ait une rivalité sportive avec la montée en puissance du PSG de Weah. Aujourd'hui, le fossé se creuse et on ne sait même plus pourquoi, comme dans les histoires corses. Amar (PSG). Je laisse à Didier ses commentaires politiques. La rivalité date bien de la fin des années 1980 lorsque Marseille avait la meilleure équipe de l'hexagone. Et quand Canal + (NDLR : en 1991) est arrivé au PSG, ce n'était pas par amour du club mais pour trouver un concurrent à l'OM et rendre le championnat plus attractif. Mais le bébé leur a explosé dans les mains. Il y a des petites histoires d'ultras, comme des vols de bâches, qui ont mis de l'huile sur le feu. Mais désormais, à quoi rime cette rivalité ? Amar. A entretenir le mythe. Didier. A rien du tout. C'est devenu n'importe quoi. En arriver à ce qu'un gamin de 16 ans soit décapité, il y a deux ans, en voulant crier je ne sais quoi par la trappe d'un bus, c'est désolant... Ça nous a fait réfléchir. Vous reconnaissez avoir été trop loin ? Didier. Oui, sans hésitation. Amar. Bien sûr. Chambrer, c'est bien mais il y a des limites à tout et elles ont été atteintes. Que proposez-vous pour que la situation se normalise ? Didier. Cela fait déjà quelques années que les groupes ont calmé le jeu. Il faudrait faire passer le message aux médias, aux dirigeants et à tous ceux qui entretiennent cette rivalité. Amar. Les ambiances des PSG - OM sont devenues détestables au fil du temps, mais c'est en train de changer, à l'initiative des groupes. Que vous reprochez-vous ? Amar. Je leur reproche de tenter d'être meilleurs que nous (rires). Didier. Rien du tout. Ce sont des hommes, comme nous. Vous nous dites que rien ne vous oppose, c'est à peine croyable ! Seriez-vous prêts à vous reconnaître des qualités ? Amar. Oui. On ne peut pas nier leur engouement pour leur club et l'amour de leur ville. Didier. Ils ont réussi le pari de se mettre à notre niveau alors qu'ils en étaient loin il y a quinze ans. Didier, que pensez-vous du conflit qui oppose les supporters parisiens aux dirigeants du PSG ? Didier. Leur lutte est sincère et fondée. J'espère pour eux que Graille (président du PSG) et Larrue (le directeur de la sécurité) vont démissionner. Mais ils se sont peut-être trompés de tactique. Sans vouloir donner de leçons, ils auraient peut-être dû s'inspirer de ce qu'on a fait contre Bouchet : communiquer davantage pour préparer l'opinion. Amar, seriez-vous favorable à ce que les supporters parisiens gèrent la vente des abonnements en virage, comme à Marseille ? Amar. Non. A Paris, nous avons fait le choix d'être un groupe de pression et pas un groupe de pouvoir. Le pouvoir ne nous intéresse pas. Frédéric Thiriez, le président de la Ligue de football professionnel (LFP), réclame en vain un interlocuteur représentant les ultras français. Pourquoi n'y en a-t-il pas ? Amar. Parce que nous n'avons pas la même conception du rôle que nous devons jouer. A Paris, nous voulons un rôle consultatif, mais pas décisionnaire. Didier. Nous sommes d'accord sur le fond, mais pas sur la forme. Nous voulons discuter avec la Ligue et, après, nous verrons si notre rôle doit être consultatif ou décisionnaire. Il ne faut pas avoir peur de se mettre autour d'une table. A quoi faut-il s'attendre pour le match OM - PSG de dimanche ? Didier. J'espère qu'il n'y aura pas d'incidents et que les gens encourageront l'OM plutôt que de crier leur haine du PSG. Dans notre virage, nous avons prévu un beau spectacle. Amar. J'espère la victoire pour poursuivre notre série en cours face à l'OM. J'espère aussi que ce déplacement signifiera la fin de la grève des encouragements, même si je n'y crois pas.