Le bide des tribunes
Mis en place pour encourager la fête dans les stades, le championnat des tribunes de la LFP n’a pas convaincu grand monde. L’indifférence domine chez des supporters qui n’ont jamais adhéré au projet. «
C’est ridicule ! Si maintenant il faut un concours pour se mobiliser… » Michèle, fidèle supportrice des Yankees de Marseille, n’a pas l’air franchement emballé. Le championnat de France des tribunes, un classement établi par la Ligue depuis cette saison pour récompenser le meilleur public du pays, ne lui fait «
ni chaud ni froid ». Son club chéri, l’OM, n’occupe même pas la première position. Saint-Etienne en tête ? Un scandale… «
Ça me fait bien rire, s’esclaffe-t-elle.
On les devance haut la main ! » Comment accorder alors le moindre crédit à ce dispositif imaginé par les têtes pensantes de la Ligue pour «
valoriser » leurs produits L1 et L2 ?
A une journée du verdict et de la remise des prix (100 000 euros pour la L1, 50 000 pour la L2), ce n’est visiblement pas la préoccupation majeure des supporters de clubs français. «
On ne s’occupe pas de ça, déclare fermement un aficionado des Winners (Marseille).
C’est un truc bidon. Ils croient acheter les gens avec leur championnat des tribunes. Mais nous, on ne rentre pas dans ce système-là. » «
On n’a rien à prouver, affirme un Magic Fan de Saint-Etienne.
Et surtout pas à la Ligue, une instance qui nous a fait beaucoup de mal il n’y a pas si longtemps avec l’affaire des faux passeports. Etre en tête de ce championnat n’a aucune valeur particulière à nos yeux. Franchement, on s’en tape. On n’a pas attendu que la Ligue fasse tout ça pour mettre l’ambiance au stade. »
Rejet général de la LigueLe message est clair, net et précis. La LFP, par la voix de son président Frédéric Thiriez, a l’ambition d’encourager la fête et les comportements festifs dans les tribunes. Les principaux intéressés répondent presque unanimement : «
Occupez-vous de vos oignons. » Ce n’est pas aux vieux singes que l’on apprend à faire la grimace. D’autant que le système de notation établi par la Ligue en laisse certains songeurs. «
C’est hors-sujet, juge Pierre, du Kop Sang et Or de Lens.
Certaines choses sont mises en avant, d’autres ne le sont pas du tout. Pour Marseille par exemple, je me demande sur quoi on se base. Certainement pas sur l’ambiance en tout cas. Il suffit d’aller au Vélodrome pour se rendre compte qu’il y a mieux ailleurs… » Pour cet inconditionnel lensois, le classement «
n’est pas représentatif de la réalité des stades ». Au sujet du duo de tête actuel : «
Saint-Etienne et Marseille : c’est sûr, ce sont deux gros publics. Mais Marseille en deux… Si c’est pour proférer des insultes, OK. Quand il y a 4-0, ça gueule. Mais comme c’est très rare… »
Cet ultra nordiste n’est pas jaloux, non. La preuve, le public de son propre club en prend aussi pour son grade. «
Lens est réputé meilleur public de France : ça me fait bien rire. C’est un cliché. Allez faire un tour à Saint-Etienne, vous verrez un vrai public : ils sont loin devant. C’est un autre monde là-bas. » Michèle, la Yankee marseillaise, a d’ailleurs bien ri en voyant entrer dans le Chaudron «
les animaux de la jungle » (ndlr : lors du derby face à Lyon, le 3 mars dernier). «
Mais, prévient-elle,
si c’est ça qui fait gagner des points, on peut faire n’importe quoi. A Paris, ils vont commencer à sortir les chars ! » Les Winners Olivier et Rémy, eux, ne savent rien du championnat des tribunes. Mais s’ils avaient été prévenus, «
il y aurait eu encore plus d’ambiance au Vélodrome et Saint-Etienne ne nous arriverait même pas à la cheville. » Au public vainqueur, une jolie prime est d’ores et déjà promise. Ses deux dauphins ne repartiront pas non plus les mains vides. Et là, certains deviennent moins catégoriques : «
La prime serait bienvenue, se réjouit-on chez les Yankees :
on va bientôt fêter nos 20 ans d’existence. C’est beaucoup de frais. » Les Magic Fans, quant à eux, ont pris une décision originale et fort louable : ils redistribueront leur part du gâteau à des associations caritatives. La Ligue, qui cherche à favoriser les «
comportements positifs », aura partiellement atteint son but…
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50 000 euros pour le vainqueurLe dispositif vise à récompenser les meilleurs publics des première et deuxième divisions françaises. Il prend la forme d’un classement établi à partir d’un système de points. Ceux-ci sont attribués aux clubs dont les supporters répondent le mieux aux objectifs de fête et de fair-play fixés par la Ligue. La distribution des points s’effectue en fonction de quatre critères.1) La fidélité, estimée à travers les affluences et le taux de remplissage des stades.
2) L’animation, jugée à partir de l’organisation et de la qualité des tifos, des chorégraphies, des messages et de leur originalité.
3) L’ambiance, évaluée à partir des encouragements, de la qualité et de l’originalité des chants.
4) Un système de bonus-malus est enfin prévu pour les événements survenus en cours de match.
En L1, les trois premiers du classement final se partagent la somme de 100 000 euros, répartis comme suit : 50 000 pour le 1er, 30 000 pour le 2eme, 20 000 pour le 3eme. En L2, le 1er bénéficie de 30 000 euros, le 2eme 20 000, le 3eme 10 000. Ces primes, perçues par les clubs, doivent exclusivement servir à financer des actions menées par les supporters. 
