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ARBITRAGE : «UNE VINGT-DEUXIÈME ÉQUIPE...»

Marc Batta, directeur technique national de l'arbitrage, ne nie pas que des erreurs ont été commises lors des dernières journées de Championnat. Il souhaite cependant «plus d'objectivité» dans les commentaires qui les accompagnent.

Les successions d'erreurs

«Il y a effectivement des erreurs, mais j'en distingue deux bien différentes. Celles qui sont réelles, comme lors de Monaco-Rennes, et celles qui ont été créées, comme le penalty sifflé lors de la finale de la Coupe de la Ligue. Pour moi, transformer une interprétation qui est discutable en une erreur évidente, c'est faux. Pareil pour la faute de Micoud lors de Bordeaux-Nancy. C'est une erreur d'interprétation parce qu'il y a tricherie. Mais, il ne faut pas tout accumuler. C'est un peu lourd. Sur quatre, on en assume deux. Le reste, c'est du fantasme. Ce qui ne m'empêche pas de reconnaître qu'il y a des erreurs et de dire qu'elles m'indisposent et m'agacent. J'aimerais simplement qu'il y ait plus d'objectivité».

Le climat qui se détériore

«On dit qu'il y a 21 équipes en France : les 20 clubs, plus l'équipe arbitrale. Mais pour moi, il y en a 22. Il y a une équipe qui travaille en sous-marin pour déstabiliser l'arbitrage français. Comment voulez-vous que les arbitres soient sereins quand on voit parfois ce qu'il y a d'écrit ? Il y a un mois, on nous a dit qu'il y aurait du changement. La semaine d'après, on nous a dit que l'arbitrage en France était mauvais. La semaine suivante, on était les pires d'Europe. Encore la suivante, on nous a dit que les entraîneurs étaient contre nous, puis ce fut au tour des joueurs. Pour moi, le travail de cette 22e équipe est très fort. C'est pour cela que je dis bravo aux arbitres français pour ce qu'ils font. Chaque semaine, ils se font monter dessus, mais ils repartent. De quoi est composée cette équipe ? D'éléments divers. D'un peu de tout».

Le rôle du quatrième arbitre

«Il est là pour remplacer un arbitre s'il se blesse. Il a une charge administrative et il est aussi là pour réguler ce qui se passe sur le banc de touche. Maintenant, si je prends Arsenal-Liverpool en exemple, on a vu que personne ne bougeait sur le banc de touche. Or, en France, dès qu'il y a une erreur sur un corner ou un coup-franc, c'est tout le banc qui se lève... On va faire en sorte de laisser travailler l'entraîneur sur son banc de touche. Et d'évoluer sur ce point-là».

Les réunions avant et après chaque match

«C'est une solution. On comprend mieux ce qu'on explique et les gens qu'on connaît. Les hommes de terrain seront prêts à désamorcer les problèmes susceptibles d'apparaître. Et puis, s'il y a des tensions, il vaut mieux les régler dans le vestiaire qu'à l'extérieur. Maintenant, ce que je souhaiterais, c'est qu'il y ait également deux ou trois rendez-vous annuels pour qu'on puisse en débattre plus longuement».

Des sanctions fortes contre les tricheurs ?

«Je n'en ai jamais réclamé. Il y a un code disciplinaire, une commission d'éthique qui doit prendre des décisions. Je ne vois pas pourquoi on devrait faire des exemples. Si on applique le barème déjà en place, ce sera largement suffisant pour éviter qu'on fasse une décharge de responsabilité. Le problème à l'heure actuelle, c'est qu'il n'est pas toujours appliqué».

La vidéo

«Pour le franchissement du ballon, je ne cache pas que la vidéo était presque réclamée par les arbitres. Maintenant, politiquement, on a des instances internationale et européenne qui s'y opposent. Elles disent non à la vidéo et proposent un arbitrage humain à cinq. C'est donc ce qu'on va faire. Mais si on nous avait posé la question, on aurait plutôt été favorable».

Des arbitres auxquels on ne peut plus parler ?

«Il faut être sur le terrain pour le savoir. Mais si on nous le dit, c'est que ça doit exister. J'entends que les arbitres sont trop renfermés. On va donc faire en sorte de rouvrir les portes. J'entends qu'ils manquent de psychologie. Là aussi, on va tenter d'y remédier. Mais tirer à boulets rouges sur l'arbitrage, est-ce vraiment la solution ? Si, à propos d'un gardien de but en méforme, on dit que c'est le plus nul, vous pensez que ça va lui permettre de retrouver son meilleur niveau ? Je le dis et je le répète : j'aimerais un peu plus d'objectivité.»