Revue de Presse

Mardi 26 Septembre



DHORASOO A REPRIS

Le milieu s’est entraîné hier avec le PSG. Ses dirigeants, qui ne l’ont pas sanctionné, attendent toujours ses excuses.

VIKASH DHORASOO a réintégré le groupe professionnel du PSG avec lequel il s’est entraîné hier soir. Après une demi-heure de footing, le milieu s’est rendu en salle de musculation. De nombreux observateurs étaient présents pour assister à la scène. Tous ont essayé d’obtenir de nouvelles déclarations du milieu en conflit avec son entraîneur. En vain. Le joueur s’est refusé à tout nouveau commentaire. Il avait réservé ses explications à « Match Retour », l’émission diffusée hier sur L’Équipe TV, dont le milieu était l’invité. Au cours de cette émission, Dhorasoo n’a pas renié ses propos (L’Équipe du 23 septembre). Il a juste regretté la forme. Il a également expliqué qu’il n’aurait pas dû parler de ses coéquipiers qui n’ont jamais pris parti.

« Je ne voulais pas les mêler à cela, a-t-il expliqué. Ils m’ont juste souri ou serré la main, j’ai pris ça pour un soutien. Ça m’a fait du bien car quand vous allez en CFA, vous vous sentez seul ». En fait, Dhorasoo souhaite dédramatiser tout en continuant à assumer. C’est d’ailleurs ce qu’il a fait dimanche midi, après l’intervention très médiatique de Guy Lacombe. À la sortie des vestiaires, le joueur parisien avait lâché : « Encore une fois, je me suis exprimé parce que je me sentais humilié. Moi, porter le brassard en CFA, cela ne me fait pas spécialement plaisir… Si j’ai dit tout ça, c’est pour que ça aille mieux. Je suis joueur du PSG, je continue de l’être jusqu’à la fin de mon contrat avec le PSG. Mes déclarations sont peut-être mal tombées, c’était le jour du match… Pour moi, l’affaire est finie, je souhaite qu’on passe à autre chose. Ce que je souhaite par dessus tout, c’est rejouer au football, m’entraîner et gagner des matches. » Le tout, évidemment, avec l’équipe première du Paris-SG. Pour l’instant, il s’entraîne avec le groupe. Les dirigeants n’ont pris aucune sanction. Ils y réfléchissent.

Cayzac : « Il est sanctionnable »

Dimanche soir, Alain Cayzac, son président, assurait que « Vikash Dhorasoo était sanctionnable. On ne va pas décider à chaud. On va attendre une ou deux journées, au risque que la situation ne soit pas très confortable. Je sais que l’entraîneur a laissé une porte ouverte. Si je le sanctionne, je ferai tout pour rendre la justice. S’il continue de confirmer ses propos et qu’il ne regrette rien, on prendra nos responsabilités. Je lui laisse une chance même si je n’ai pas dit qu’il y aurait obligatoirement une sanction. C’est vrai que ç’aurait été préférable que ça se règle en privé. Je lui avais proposé de rencontrer son entraîneur vendredi dernier, il m’avait demandé si je pouvais en être. J’avais un empêchement. Mais des explications entre quatre yeux auraient sans doute pu faire avancer le " schmilblick " . »

En revanche, cette incroyable affaire ne semble pas perturber les autres joueurs, spectateurs de ce conflit entre deux grandes personnes. « Pour moi, il n’y a pas d’affaire Dhorasoo, assure Sammy Traoré. On discute avec lui, il fait partie du groupe. Mais franchement, on essaie d’en parler le moins possible. » « Cette histoire ne me gêne pas, insiste David Hellebuyck. Ça se passe entre eux. D’autres sont remplaçants. C’est une situation pas facile. » Le dernier à avoir accepté de s’exprimer sur le dossier a été Jérôme Rothen, complètement remis de ses soucis de genou et apte à jouer. « Vikash est un élément important pour nous. Il l’a montré sur de nombreux matches. Mais c’est vrai que ça ne fait jamais plaisir pour un joueur d’aller faire un tour en CFA. Je suis bien placé pour en parler. Et c’est très dur à accepter. Moi, j’espère simplement qu’on aura la meilleure équipe pour gagner des matches. Là, il y a incontestablement une incompréhension. J’espère que ça va se régler au plus vite. Il faut avancer, on a trop perdu de temps. On est 13e en Championnat, c’est quand même une position assez critique…» Et dimanche, il y a le déplacement à Saint-Étienne. Mais avant de se mesurer aux « Verts » dans le mythique stade Geoffroy-Guichard, le Paris-SG recevra jeudi Derry, en Coupe de l’UEFA (0-0, au match aller). Ce sera évidemment sans Vikash Dhorasoo, prêt à retourner en CFA. « Mais j’ai encore envie d’y croire », expliquait-il encore sur le plateau de L’Équipe TV. Les dirigeants attendent ses excuses.


ANCELOTTI ENCENSE DHORASOO

Interrogé hier à Lens sur les problèmes actuels de Vikash Dhorasoo, qu’il a dirigé lors de la saison 2004-2005, Carlo Ancelotti, l’entraîneur de l’ACMilan, s’est montré très élogieux. « Vikash a toujours été un grand professionnel, un grand monsieur, et ses soucis me surprennent un peu. Il était toujours à l’heure aux entraînements, s’est souvenu en souriant le coach italien, et a toujours accepté les choix d’équipe. Mais il est en train de préparer son film, peut-être est-ce cela qui le rend un peu nerveux ! »


LE VENT TOURNE

En concurrençant le débit de la Seine entre Paris et Saint-Germain, l'encre que fait couler le match Dhorasoo-Lacombe nous rappelle que l’effet grossissant de la capitale vaut bien celui qui permet à une sardine de boucher le Vieux-Port préféré des supporters marseillais. Le conflit en question est, au fond, d’une grande banalité. Et même probablement reproduit chaque jour à de nombreux exemplaires depuis que le football existe, mais sans s’étaler sur la place publique. Un entraîneur – Guy Lacombe, donc – ne retenant pas un joueur dans son effectif, ça relève à l’évidence de ses prérogatives, et cela que ses raisons soient bonnes, mauvaises ou même dissimulées. Que le joueur en question – Vikash Dhorasoo –, souffrant de ce manque à jouer (on n’ose pas, aussi bien pour le club que pour le joueur, dire manque à gagner !), le vive mal et s’en plaigne, rien que de très naturel encore. Au-delà de quelques formules dépassant les pensées, ce qui est le propre des déballages médiatisés, il est même possible de trouver que les deux adversaires ont raison, l’un pour sa volonté de s’imposer en patron, l’autre pour l’émouvant désir de jouer qu’il exprima hier encore dans les studios de L’Équipe TV.

Sans préjuger d’un futur dénouement qui aura désormais du mal à éviter une franche rupture, on peut cependant, au-delà de cette affaire, distinguer quelques thèmes de réflexion. Tout d’abord, et de manière positive, sur la capacité du PSG à naviguer sans crise permanente depuis son changement de propriétaire et d’équipe dirigeante. Ensuite, et cette fois de manière négative, sur l’absence inquiétante d’un vrai projet de jeu qui permettrait au club d’envisager des résultats plus conformes à son standing. Sur ce dernier point, Dhorasoo a peut-être d’ailleurs créé lui-même un écran de fumée qui arrange bien Guy Lacombe et le président Alain Cayzac. Le plus important, cependant, est sans doute ailleurs : il réside tout à la fois dans la restauration esquissée de la hiérarchie au sein d’un club et dans le coup d’arrêt donné aux desiderata presque toujours gagnants des joueurs. Jusqu’alors, la plupart de ceux qui ont tenté le bras de fer avec leur club l’ont emporté mais c’était généralement pour changer d’air : de Makelele quittant le Real à Anelka filant d’Arsenal en passant par l’ex-Auxerrois Mexès et l’ex-Lyonnais Mahamadou Diarra, ils sont légion à avoir imposé leur volonté.

Une inversion de tendance semble s’être amorcée avec le « maintien » de Franck Ribéry à Marseille ou celui d’Efstathios Tavlaridis à Lille. Le paradoxe, pour Dhorasoo, est peut-être d’en devenir une nouvelle illustration pour avoir clamé très fort son désir de rester.

(ces articles sont déjà périmés car une sanction vient d'être prise)

Mercredi 27 Septembre



VISASH DHORASOO VERS LA SORTIE

L'ORDRE est de retour au PSG. Vikash Dhorasoo a été mis à pied, hier, en attendant d'être reçu lundi par le président Alain Cayzac pour un entretien préalable à un éventuel licenciement. Le bras de fer « médiatique » qui oppose depuis samedi le joueur de la capitale à Guy Lacombe, son entraîneur, est enfin arbitré avec autorité.
Le joueur a appris la nouvelle hier à midi, à l'issue de l'entraînement. Mal rasé, Alain Roche, responsable de la politique sportive du club parisien, s'est déplacé au camp des Loges pour remettre au Mauricien une lettre officielle lui annonçant sa mise à pied ainsi que la date et le lieu de son entretien. Dans le même temps, la direction du PSG diffusait ce communiqué : « Les déclarations publiques et le comportement récent de Vikash Dhorasoo ont amené la direction du club à convoquer le joueur à un entretien préalable (...) devant le président du PSG... Le joueur fera l'objet d'une mise à pied à titre conservatoire, à compter de ce jour (NDLR : hier) et jusqu'à la décision qui sera prise à la suite de cet entretien. »

« Il fallait marquer le coup »

Depuis hier midi, le contrat de travail de Dhorasoo est donc suspendu. Le finaliste de la dernière Coupe du monde, injoignable, n'a plus le droit de venir s'entraîner et ne perçoit plus de salaire jusqu'à nouvel ordre. Sera-t-il licencié pour avoir déclaré dans nos colonnes et celles du quotidien « l'Equipe » : « Il (Lacombe) a menti... Je ne permets pas qu'on mente sur mon état de santé » ? Alain Cayzac reste évasif. « Je dispose de toute une échelle de sanctions possibles, expliquait hier soir le président du PSG sur les ondes de RTL. Quand il se passe quelque chose de préjudiciable au club, je dois réagir. Il faut respecter les règles, ne pas insulter son patron, ne pas aller contre sa propre entreprise. » Les termes et le procédé employés par le club s'apparentent à une menace de licenciement sans indemnités. « La mise à pied à titre conservatoire indique que l'on reproche à l'employé une faute grave, précise M e Olivier Bongrand, avocat au barreau de Paris, spécialiste en droit du travail. S'il y a licenciement, ce sera au juge des prud'hommes de déterminer si la faute grave est constituée. » La reprise en main est spectaculaire mais ne fallait-il pas commencer par là pour éviter d'écorner un peu plus l'image d'un club déjà mal en point ? Samedi soir, Alain Cayzac a mis une demi-heure avant de réagir à l'interview de Dhorasoo, en précisant : « Je ne suis pas maître d'école pour prendre des sanctions. » N'aurait-il pas dû rester en première ligne et empêcher Guy Lacombe, dimanche, d'ajouter de l'huile sur le feu lors d'un périlleux et inutile exercice médiatique ? Assurément, cette affaire et la gestion qui en a découlé n'ont pas ramené la sérénité autour d'une équipe à la situation sportive préoccupante. En revanche, l'autorité de Lacombe devrait se voir renforcée par les décisions de sa direction. Sous cape, un membre du staff témoignait du soulagement qui habite le technicien parisien : « Il fallait marquer le coup, sinon la situation serait devenue ingérable avec les joueurs. Les dirigeants devaient montrer qu'ils étaient solidaires avec l'entraîneur. »



UNE MISE A PIED, ET APRES...

LA MISE à pied dont fait l'objet Vikash Dhorasoo signifie que, depuis hier, il n'a pas le droit de mettre les pieds dans l'entreprise PSG (au camp des Loges et au Parc des Princes, sauf lundi pour y rencontrer son président) jusqu'à la décision prise par ce dernier. Il ne sera pas non plus payé durant cette période. Une fois que Dhorasoo et Cayzac se seront rencontrés, le président du PSG ne pourra donner sa décision qu'après quarante-huit heures et sous délai d'un mois.
Deux options sont possibles : soit les deux parties se réconcilient, le joueur est réintégré dans le groupe professionnel et le PSG doit lui payer son salaire depuis mardi (hier), soit il est licencié et il recevra une lettre recommandée (qui sera son courrier de licenciement) et ne fera plus partie de l'effectif le jour de présentation de la lettre à son domicile. En cas de licenciement, qui découle en général d'un entretien préalable comme celui auquel Dhorasoo est convié, l'affaire se réglera au conseil de prud'hommes. Le joueur demandera le paiement des neuf mois de salaire (estimé à près de 200 000 € par mois) prévu jusqu'au terme de son contrat ainsi que des dommages et intérêts pour préjudice moral, et les primes qu'il aurait touchées s'il avait fait partie de l'équipe jusqu'à la fin de la saison. Cependant, le club estimera probablement que son joueur a commis une faute lourde en ayant, par ses propos, nui à la société PSG. Dans ce cas, il ne lui paiera pas d'indemnités de congés payés qui peuvent représenter jusqu'à 10 % de son salaire.



« J'AI ENCORE CONFIANCE »

VIKASH DHORASOO a quitté rapidement, hier matin, le camp des Loges, pour se rendre à Canal + afin de participer à l'émission « En aparté » de Pascale Clark. Le milieu de terrain a cherché l'apaisement : « Je discute avec mon président (NDLR : Alain Cayzac). Si je dois faire des excuses, je les ferai à mon président.
On verra. On verra comment va se passer l'entretien. J'ai encore confiance en cet entretien, a-t-il déclaré. Je le dis et je le redis : j'ai envie d'aller au bout de mon contrat. Ce que j'ai dit, c'est que je ne vois pas l'intérêt pour moi, pour le PSG, pour les supporters, que je joue en CFA. » Interrogé sur un éventuel licenciement, il a répondu : « Ce n'est pas ce que je souhaite. Ou sinon je serais allé voir mon président... »



MAINTENANT, LE MALAISE YEPES !

DANS L'OMBRE de l'affaire Dhorasoo, un autre malaise, tout aussi profond, est en train de mûrir. Dégradé au rang de simple remplaçant lors des quatre derniers matchs, Mario Yepes vit des heures très difficiles. La quasi-certitude de voir le Colombien commencer sur le banc de touche le premier tour retour de la Coupe de l'UEFA, demain au Parc des Princes contre Derry, ne fait qu'aggraver la situation.
Touché par les quatre penaltys sifflés contre lui à Sochaux (défaite 3-2), puis face à Marseille (3-1), le robuste Sud-Américain méritait-il d'être tenu à l'écart si longtemps ? Au lieu de relancer rapidement ce cadre défensif, ne serait-ce que pour le remettre en confiance, Guy Lacombe a préféré associer dans l'axe Armand et Traoré, qui ne cessent d'enchaîner les matchs. Les résultats donnent raison à l'entraîneur parisien, puisque son équipe n'a encaissé que deux buts sans perdre un seul de ces quatre derniers matchs (deux victoires, deux matchs nuls). Mais combien de temps cela peut-il durer ?
Un violent désaveu Excepté Dhorasoo et Rothen, encore en convalescence depuis sa blessure au genou contre Lille (1-0) le 19 août dernier, les joueurs sortis temporairement par Lacombe ont tous été de nouveau utilisés. Triste et résigné, l'ancien Nantais, qui perçoit l'un des salaires les plus élevés au PSG, refuse pour l'instant de s'épancher. Elu dans l'équipe type de la L 1 pour la saison 2005-2006 par ses collègues footballeurs en défense centrale aux côtés de Cris, le Brésilien de Lyon, Yepes connaît un violent désaveu. L'avenir semble bien bouché pour l'ami de Pauleta. Son différend avec l'entraîneur est profond. Leur entretien la semaine passée a été tendu. Yepes reproche à Lacombe sa façon de parler, son autoritarisme et certains de ses propos à son sujet. Si le Colombien, qui vit ces moments délicats comme une profonde injustice, a de la sympathie pour son président, ce n'est plus le cas pour son entraîneur. Un nouvel entretien sera programmé dans les prochains jours avec son agent et les dirigeants parisiens. Trouveront-ils les mots pour convaincre Yepes de garder espoir en des jours meilleurs et vouloir rester au club jusqu'à la fin de la saison ?

Jeudi 28 Septembre



UNE ELIMINATION SERAIT IMPARDONNABLE

Les Parisiens n'ont pas le droit de buter sur l'obstacle irlandais. Minés par des problèmes sportifs et extrasportifs, ils plongeraient dans la crise en cas d'élimination.

«J'AI VU de vrais joueurs de football » : voilà comment Guy Lacombe a présenté Derry à son groupe, son adversaire du premier tour de la Coupe UEFA, quelques jours avant le match aller. L'entraîneur parisien faisait sûrement référence, en lâchant cette phrase, à l'état d'esprit et à la volonté de cette équipe nord-irlandaise, dont le niveau équivaut à une équipe de L 2 ou de National chez nous. A l'époque, le technicien parisien n'était pas satisfait des prestations et de l'engagement de son effectif.
Avant le premier round européen, qui s'est soldé par un triste 0-0, il y a quinze jours, en Irlande, le PSG sortait d'une lourde défaite contre Marseille (3-1) à domicile, le 10 septembre. Depuis, Pauleta et les siens restent sur quatre matchs sans défaite : deux matchs nuls et deux victoires, l'une en Coupe de la Ligue contre Lorient (3-1), l'autre en championnat à Monaco (2-1), la première de l'ère Lacombe loin du Parc. « Si l'on reste sur la base de nos quatre dernières sorties, ça devrait bien se passer », pronostique le technicien parisien.

Moments pénibles

Alors, ce soir, face aux semi-professionnels de Derry, chez lui de surcroît, Paris doit gagner haut la main. On n'en attend pas moins de lui. Sauf que, malgré cette série de résultats relativement positifs, le club vit, en interne, des moments pénibles. L'ambiance s'est tendue ces derniers jours et c'est dans ce contexte difficile que le PSG s'est préparé. Une élimination, ce soir, plongerait le club dans une crise profonde. Elle rappellerait les heures les plus sinistres de son histoire, celles du couac contre le Maccabi Haïfa (élimination au premier tour de la Coupe des Coupes) en 1998. Elle avait coûté sa place à Alain Giresse. « On ne pense pas au plus mauvais des scenarii », rétorque Edouard Cissé. N'empêche, le PSG ne se trouve pas dans les meilleures dispositions. Il y a l'affaire Dhorasoo, mis à pied et contre lequel le club a lancé une procédure depuis mardi, qui pourrait aboutir à son licenciement. Hier, Alain Cayzac, le président parisien, s'est déplacé au camp des Loges pour expliquer aux joueurs sa décision dans ce dossier. Il en a profité pour rappeler que ce match était hyper-important, tout comme celui de dimanche à Saint-Etienne. Si le cas du vice-champion du monde a plombé les dernières heures parisiennes, le malaise Yepes, qui, pour la cinquième fois depuis l'OM, sera sur le banc, est aussi crispant. Jérôme Rothen ratera également ce rendez-vous. Le milieu n'a pas été jugé apte par son entraîneur. Pas sûr qu'il partage son avis, lui qui s'entraîne avec le groupe depuis quelques jours, et qui espérait être retenu. Des tensions entre joueurs ont également vu le jour. Kalou et Mendy en sont venus aux mains, lundi après-midi, au camp des Loges. Et, pour finir de noircir ce tableau, Pedro Pauleta, le capitaine, n'apprécie guère tous les remous qui agitent le club. Une seule solution s'impose : vaincre Derry sans trembler. Le PSG s'assurerait quatre nouveaux matchs de Coupe UEFA, il commencerait à tourner la page de l'affaire Dhorasoo de la meilleure des manières et légitimerait les choix de son entraîneur. Ce succès serait tout bénéfice.



LES IRLANDAIS ONT DEJA CONQUIS PARIS

LES IRLANDAIS ont envahi Paris. Depuis mardi, près de 2 000 supporters de Derry sont présents dans la capitale. On a pu apercevoir des drapeaux rouge et blanc sur les Champs-Elysées ou encore près de la tour Eiffel.
Au Quiglei Point, dans le I e r arrondissement, le pub de Jack Quiglei, Irlandais pur souche, né à quelques kilomètres de Derry, la Guinness coule à flots. Depuis leur arrivée, tous ces fans arpentent les sites touristiques avec leur grand sourire et leur gentillesse. Les joueurs ont, eux, débarqué mardi en début d'après midi. Une fois installés à l'hôtel Méridien Montparnasse, ils se sont entraînés en fin de journée sur le terrain de la cité universitaire avant d'être reçus par l'ambassadrice d'Irlande à Paris. Ce n'est qu'hier qu'ils ont découvert le Parc. « C'est un stade impressionnant, s'enthousiasme Gary Beckett, l'avant-centre. Le terrain est large, mais ce ne sera pas déstabilisant pour nous. » Stephen Kenny, qui devrait reconduire l'équipe qui a tenu en échec le PSG au match aller (0-0), a beaucoup insisté auprès de ces joueurs sur la possibilité d'un exploit. Tout le clan irlandais croit dur comme fer à une possible qualification. « Tout peut arriver, poursuit Beckett. Nous pouvons faire basculer le match sur un coup de pied arrêté. » Pour autant, rien n'a encore été organisé en cas de victoire. Ils sauront bien improviser.



PAULETA : « Que tout le monde prenne ses responsabilités ! »

LE CAPITAINE du PSG est venu « au nom du groupe » confier son sentiment à propos de l'incident entre Vikash Dhorasoo et le club. Il ajoute être certain de la qualification face aux Irlandais de Derry ce soir.

Après un week-end agité, comment abordez-vous ce match de Coupe d'Europe ?
C'est un match très important pour nous. A l'aller, on a connu des difficultés en Irlande (0-0). Mais c'était tout de même un bon résultat ; surtout, on n'a pas pris de but. On a maintenant l'obligation de se qualifier. C'est notre grand objectif et je suis sûr qu'on va passer.

Que pensez-vous de l'affaire Dhorasoo ?
Le plus important, c'est le groupe. Je parle au nom du groupe. On est bien. Cela fait quatre matchs que nous jouons bien. C'est vrai que samedi, face à Nancy, ce n'était pas formidable mais on a tout fait pour gagner.

Le clash Dhorasoo-Lacombe a-t-il perturbé le groupe ?
Non. C'est un cas individuel, pas un problème de groupe. C'est un différend entre un joueur et le club. Et c'est à eux de trouver la meilleure solution possible pour tout le monde.

En tant que capitaine, vous êtes-vous impliqué ?
Personnellement, j'ai parlé avec Vikash et avec le président. Mais cela doit rester entre nous. J'espère simplement qu'il y aura la meilleure fin possible, pour les deux parties, pour le joueur qui est un copain et pour le PSG qui est mon club.

Au milieu de tout cela, il y a cette rencontre face à Derry. A quoi vous attendez-vous ?
Ce sera difficile. Ils sont forts défensivement, donc ils vont se regrouper derrière. Ce sera à nous de trouver des espaces, des solutions et de marquer rapidement. Ce sera la clé.

Voyez-vous une évolution dans le jeu du PSG ?
Sur les quatre derniers matchs, on s'améliore. On a vu que l'on mettait plus d'engagement, notamment dans les duels. J'espère qu'on va continuer comme ça..

Cette responsabilité vous incombe...
Moi, je suis là pour aider, apporter mon expérience comme joueur et comme capitaine. Le plus important, c'est que tout le monde ait conscience que nous avons tous les mêmes responsabilités dans cette équipe. J'assume les miennes. Mais c'est vrai que pour gagner et pour faire de belles choses il faut que tout le monde prenne ses responsabilités.



LES SUPPORTERS ENTRE PATIENCE ET LASSITUDE

POUR LES SUPPORTERS parisiens, les années passent et se ressemblent. Ils attendent, à chaque début de saison, le renouveau de leur club, mais c'est la déception et la lassitude qui l'emportent à force de constater que rien, finalement, ne change vraiment au PSG. Les résultats médiocres et les remous, qui ne cessent de perturber le club, gâchent leur plaisir et leur passion.
« En juillet, on sentait tous un bon feeling pour que cette saison soit calme et positive, raconte Amar, des Lutèce Falco, une association d'Auteuil. Mais en août, ce n'était déjà plus ça. Il y a un syndrome PSG. » Même désillusion chez les Gavroches de Boulogne. Philippe Pereira, leur responsable, explique : « Il existe un respect mutuel avec la direction et le président Cayzac mais, les résultats nous embêtent un peu. Le groupe est le même, sur le papier il y a de la qualité, mais les résultats ne suivent pas. Nous voulons juste que les joueurs donnent le maximum. On est lassés. »

« On veut qu'ils se bougent »

Lors d'une réunion, au lendemain du succès à Monaco (2-1) le 18 septembre, différentes associations s'étaient entretenues, pendant plus d'une heure, avec les joueurs, Guy Lacombe et Alain Cayzac. Dans une bonne ambiance, ils avaient réclamé, de Pauleta et compagnie, un état d'esprit irréprochable. « On veut un figthing spirit comme les Irlandais à l'aller », demande Philippe Pereira. « On leur a dit qu'on accordait plus d'importance à l'envie qu'aux résultats, poursuit Christophe, des Supras. On veut qu'ils se bougent et on ne se mêlera pas de leur vie. S'il y a des soucis entre eux, ils doivent être capables de remettre en place ceux qui ne font pas le maximum. » Au sujet du cas Dhorasoo, tous semblent soutenir la direction. « On a confiance dans le duo Cayzac-Lacombe, pour faire les choses comme il faut, enchaîne le responsable des Supras. Si c'est bien pour le groupe, même si on doit perdre un bon élément, tant mieux. » « Quand on travaille dans une entreprise, il y a des choses qu'on ne peut pas dire. S'il est licencié, ce n'est pas choquant », renchérit Pereira. « C'est dommage qu'un joueur s'étale dans la presse, ça nuit à l'image du PSG », déplore Amar. Les supporters sont patients avec leur club, ravis d'avoir un président « amoureux du PSG » mais combien de temps supporteront-ils leur perpétuelle frustration ?

-------------------------------------------------------------------------------------



LA NUIT DES ETOILES

C’est sans Dhorasoo, Yepes ni Rothen que Paris jouera ce soir. Signe que l’avenir des stars du PSG s’assombrit.

LA SCÈNE SE PASSE hier matin dans le vestiaire du Camp des Loges. Jérôme Rothen commence à ranger ses chaussures dans le sac qu’il a pour habitude d’emporter aux mises au vert du PSG. Soudain, un de ses coéquipiers vient le voir et lui explique : « Tu peux défaire ton sac. Tu n’es pas dans le groupe. » Sur la liste des dix-huit joueurs retenus par Guy Lacombe pour affronter le Derry City FC, ce soir, en Coupe de l’UEFA, le nom du milieu offensif international n’apparaît pas. Ce matin, il viendra s’entraîner avec la CFA.

« Rothen est apte à jouer, mais il va reprendre tranquillement pour retrouver les sensations du terrain », affirmait hier l’entraîneur du PSG. Et d’ajouter : « Je n’ai rien d’autre à dire sur Jérôme Rothen. » La sécheresse du discours nourrit le malaise jusqu’ici contenu, mais réel, qui entoure la situation de l’ancien Monégasque. Rétabli d’une entorse au ligament du genou droit, il aurait été d’autant plus déçu de ne pas être convoqué que, la semaine dernière, il s’était ajouté une séance de travail physique pour accélérer son retour. Son absence de la feuille de match peut troubler : aucun joueur ne s’est imposé au poste de milieu gauche durant son absence et son début de saison avait été plutôt intéressant.

S’il restait confiné dans une zone à mi-chemin entre le banc et la réserve, Rothen – qui entretient des relations assez dépouillées avec Lacombe – envisagerait un départ cet hiver, à un an et demi du terme de son contrat. Cette option d’un transfert au mercato occupe aussi l’esprit de Mario Yepes. Le défenseur colombien, écarté depuis la défaite contre Marseille (1-3), ne semble plus trop croire en un dialogue avec Lacombe. Responsable de quatre penalties en deux matches, à Sochaux (2-3) et contre l’OM, Yepes ne sent plus un climat de confiance autour de lui. « Il traverse une passe un peu difficile », disait Lacombe, hier, à son sujet. Le problème, pour l’ex-Nantais, tient aussi au raffermissement de la défense lors des quatre derniers matches du PSG (*). Une ligne arrière où Sylvain Armand convainc dans le rôle que remplissait Yepes en défense centrale.


« La performance doit devenir plus importante que le statut »

Rothen-Yepes. Deux dossiers complexes qui s’ajoutent au cas encore plus aigu de Vikash Dhorasoo, convoqué lundi par Alain Cayzac à un entretien préalable à un éventuel licenciement. Joueurs clés sur le papier, Dhorasoo, Yepes et Rothen constatent aujourd’hui que le papier s’est froissé, rejoints parfois dans ce sentiment par Kalou, même si lui jouera contre Derry, à un poste de milieu gauche, qu’il n’aime pas. L’Ivoirien se verrait plus dans l’axe, derrière Pauleta, dans un 4-4-2 dont plusieurs joueurs, en privé, déplorent l’abandon cette saison.

L’automne s’ouvre sur une atmosphère riche en crises ouvertes ou latentes entre Lacombe et « ses » stars, dont les salaires avoisinent en moyenne 175 000 euros par mois. Le contexte actuel appelle au moins une double interprétation. Première lecture : l’entraîneur touche ses limites dans la gestion psychologique du groupe et de ses supposés leaders. « Pour qu’un joueur soit en confiance, il ne faut pas qu’il ait l’impression que chaque mi-temps est une période d’essai », estime un cadre parisien. Sous-entendu : Lacombe se plaint du manque de confiance de ses joueurs, mais son système, ses changements d’équipe fréquents, perçus par certains comme « fragilisants », entretiendraient ce manque de confiance.

La deuxième lecture des tensions du moment renvoie à l’ambition du coach, soutenu par ses dirigeants, de bouleverser les mentalités. D’en finir avec la dictature des réputations, des « noms ». « On traverse des turbulences, admet-on en interne. Mais le club est en train d’évoluer. Une concurrence doit s’installer entre les joueurs. Les jeunes doivent avoir leur chance. La performance doit devenir plus importante que le statut. » Lacombe n’est pas le premier à s’aventurer sur cette voie à Paris. La démarche n’est pas contestable. Mais elle demande des résultats plus reluisants, un jeu plus convaincant. Et peut-être, aussi, une refonte du groupe au mercato…